Il y a des lignes qui ne se commentent pas. Elles se vivent, elles se sentent et surtout elles s’apprécient. Comme un bon vin que l’on déguste, l’émotion l’emporte souvent sur le mot. Bataille perdue d’avance…
« On a beau être fou d’amour, en vain, on l’est moins à deux cents à l’heure…C’est fou comme le corps, les nerfs, les sens vous tirent vers l’existence… Ce mélange de refus et de provocation. Celui qui n’a jamais aimé la vitesse, n’a jamais aimé la vie –ou alors, peut-être n’a jamais aimé personne…Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les tempos de la vitesse ne sont pas ceux de la musique. Dans une symphonie, ce n’est pas l’allegro, le vivace ou le furioso qui correspond à deux cents à l’heure, mais l’andante, mouvement lent, majestueux, sorte de plage où l’on parvient au-dessus d’une certaine vitesse, et où la voiture ne se débat plus, n’accélère plus et où, tout au contraire, elle se laisse aller, en même temps que le corps, à une sorte de vertige éveillé, attentif, et que l’on a coutume d’appeler « grisant »…
Françoise Sagan, « Avec mon meilleur souvenir »,1984.